LE GRAND BORDEL DE LOUIS MICHEL, LA DOUBLE FACETTE DE L’UNION EUROPEENNE AU TOGO

Publié le par lanouvellemarche

Louis Michel ! La seule évocation de ce nom fait remonter à la mémoire collective des souvenirs pas trop gais. C’est cet ancien Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire, ce Blanc zélateur et démarcheur du pouvoir Rpt qui sort des insanités à chaque fois qu’il doit parler du Togo. Louis Michel, c’est ce fonctionnaire de l’Union européenne qui joue à l’avocat du pouvoir Rpt de Père en Fils, affirme avec une certaine condescendance tout le contraire de la réalité, peint le Togo comme une démocratie, défend les gouvernants auprès de Bruxelles, moyennant bien sûr... Les Togolais savaient donc à quoi s’en tenir avec sa présence annoncée dans le cadre de la 22e session parlementaire paritaire ACP/UE à Lomé. Mais quant à le voir descendre aussi bas et défendre l’indéfendable, sur un sujet aussi clair et sensible que la décision de la Cour de justice de la Cédéao et le procès Kpatcha Gnassingbé, pour un « Blanc », on ne s’y attendait pas.  

Les gaucheries de « Fo Michou »


« Moi ce qui m’étonne dans ce sujet, et là je ne vais pas prendre la défense de personne en disant cela, c’est que dans le fond on rejette la responsabilité de cette situation sur soit le président, soit la majorité parlementaire. Vous m’excuserez, mais si je ne m’abuse, ces neuf députés ont eu un problème avec leur parti avec lequel ils ont été élus. Ils ont été élus sur des listes Ufc. A un moment donné, ils ont fait dissidence. L’Ufc a fait valoir des lettres de démission qu’ils avaient signées préalablement », a dardé Louis Michel, le Coprésident de l’Assemblée parlementaire, relativement à la décision de la Cour de Justice de la Cédéao dans l’affaire d’exclusion des neuf députés ANC réhabilités le 7 octobre dernier et à la polémique sur leur retour ou non à l’Assemblée nationale, avant de lâcher : «  Qu’a dit la CEDEAO ? Ils devraient être indemnisés. Elle n’a rien dit d’autre. Elle n’a pas par exemple dit qu’ils devraient être réintégrés…La Cour de justice de la CEDEAO n’a jamais exigé la réintégration des députés, elle a seulement demandé de leur payer la somme de trois (3) millions F CFA ».


Ce disque, les Togolais l’entendent depuis un mois et demi des suppôts et autres caisses de résonance du pouvoir Rpt. Mais venant de la part d’un ressortissant d’un pays où la culture démocratique est une réalité et qui pourrait se compter parmi les démocraties traditionnelles d’Europe, d’un Blanc (sic), généralement admis par les « nègres » comme intelligent, sage et surtout « civilisé », il faut avouer que cela laisse pantois. A raison, quand on sait que la décision de la Cour communautaire ne souffre d’aucune ambiguïté. L’Etat togolais a été condamné à « réparer la violation des droits de l’Homme des requérants et à payer à chacun la somme de trois millions (3 000 000) FCFA à titre de dommage et intérêt », après que la Cour a égrainé les dispositions juridiques violées dans ce dossier. On dirait que Louis Michel n’a pas lu l’arrêt. Bien avant la Cour de Justice de la Cédéao, c’est l’Union interparlementaire (Uip) qui, cinq (05) mois plus tôt, statuant sur cette affaire avait démontré que les neuf députés concernés n’ont jamais démissionné de leur propre chef comme cela se doit, mais ont été plutôt démissionnés, et enjoint à l’Etat togolais de les réintégrer à l’Assemblée nationale. C’est vraiment triste que l’ancien Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire et aujourd’hui Eurodéputé, donc censé prôner les valeurs défendues par l’institution (démocratie, Etat de droit, bonne gouvernance, respect des droits de l’Homme) s’illustre aussi tristement. « Cette sortie de Louis Michel nous donne la preuve ultime que les Blancs ne sont pas aussi vertueux que ça… J’imagine un peu la calamité que serait ce monsieur s’il était noir. Ce serait un véritable danger public ! », glose un compatriote.


Comme s’il n’a pas assez suscité la polémique, le Belge s’aventurera aussi sur le terrain du procès Kpatcha Gnassingbé, arguant que « la justice a suivi son cours et qu’elle n’avait pas tenu compte de l’identité particulière de l’accusé ». En clair, Louis Michel est content que le député ait été jugé sans levée de son immunité parlementaire. Un véritable scandale, pour qui connaît les conditions d’arrestation et de détention de Kpatcha et les siens, les nombreux vices de procédures et violations qui ont caractérisé le procès. Et c’est à raison que les organisations de défense des droits de l’Homme soient indignées, et elles l’ont signifié à travers une déclaration datée du mardi 22 novembre. Les ODDH « prennent l’opinion nationale et internationale à témoin et feront endosser au député européen Louis Michel toutes les conséquences liées à une telle déclaration ». Et justement ces propos auront pour effet de renforcer dans sa position de force, le pouvoir togolais qui n’a d’ailleurs aucune intention de réintégrer ces députés.


Le double visage de l’UE


Que penser au juste de l’institution européenne qui se pose en civilisatrice au Togo mais dont les représentants au même moment cautionnent de façon aussi ostentatoire des forfaitures ? C’est aujourd’hui la grosse énigme à laquelle sont confrontés les Togolais. D’autant plus que la délégation de l’Union européenne au Togo a semblé prendre la voie de la raison.

On se rappelle que dans le cadre des rencontres périodiques instituées par l’accord de partenariat économique de Cotonou, des diplomates européens conduits par Patrick Spirlet ont échangé le vendredi 14 octobre dernier avec une délégation du gouvernement au ministère des Affaires étrangères. Au menu des discussions, les prochaines élections législatives et locales de 2012 et la situation des droits de l’homme au Togo, mais aussi des sujets d’actualité dont les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr), les allégations de torture à l’Agence nationale de renseignement (Anr), le passage du Togo à l’Examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’Homme, le dialogue au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (Cpdc), les réformes institutionnelles et constitutionnelles et, chose inattendue, la décision de la Cour de Justice de la Cédéao. « Nous avons souligné l’importance des décisions de la Cour de justice de la CEDEAO et l’importance de les respecter, de prendre des initiatives dans ce sens pour justement favoriser cet apaisement », avait déclaré le chef de la Délégation de l’UE au Togo, estimant que le Togo est « à un moment crucial », et « un certain nombre d’événements récents méritent attention ». En clair, les diplomates européens demandaient à l’Etat togolais – à moins que nous soyons trop vite allés en besogne - de réintégrer les neuf députés abusivement exclus de l’Assemblée nationale, la réparation logique, puis payer les trois millions FCFA comme exigé par la Cour de la Cédéao. Et ce n’est d’ailleurs que le bon sens. Mais comment comprendre que les diplomates européens accrédités au Togo aient opté pour une position aussi conciliante et qu’au même moment l’un des porte-voix de l’Union Européenne, ancien Commissaire au développement et à l’action humanitaire, aujourd’hui Eurodéputé et Coprésident de l’Assemblée paritaire ACP/UE vienne prendre le contre-pied parfait de cette position?


Mais, où sont passées les bonnes vertus ?


Depuis lundi sont organisées, en marge de la 22e session parlementaire paritaire ACP/UE, des journées portes ouvertes sur la coopération Union Européenne-Togo, où sont exposés les fruits de ce partenariat. Il s’agit en réalité de célébrer cette coopération et de louer ses bienfaits. A l’occasion, l’institution européenne est peinte comme cette mère nourricière, qui ne veut que du bien des Togolais. « L’Union Européenne apporte au Togo une aide multidimensionnelle en vue de stimuler la croissance économique nécessaire à la réduction de la pauvreté et au développement durable », déclamait la ministre chargée de la Planification, du développement et de l’aménagement du territoire Dédé Ahoéfa Ekoué au lancement officiel. « Union Européenne yééé ! Hoyééé !!! », scandaient les groupes folkloriques déployés sur le site lors de la visite par le Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire Andris Piebalgs, du chantier de construction de l’exutoire du lac ouest financé par l’UE.


L’Union européenne, c’est encore elle qui finance des programmes de renforcement de la démocratie, de modernisation de la Justice, de respect des droits de l’Homme, des œuvres inscrites au registre de la mission « civilisatrice » dont elle s’est investie. Il y a donc de quoi l’aduler pour ces actions. Mais les Togolais ont de plus en plus de la peine à croire à cette mission mise en avant depuis longtemps et à la sincérité de cette Union Européenne tant vantée au Togo. D’autant plus que Louis Michel n’est pas à son coup d’essai, c’est un récidiviste notoire ; mais jamais nous n’avons eu échos de quelque réprimande que ce soit de Bruxelles à son encontre, ce qui sonne comme de l’hypocrisie de la part de l’institution européenne. Et ses propos sur l’affaire des députés ANC auront malheureusement pour effets de renforcer le pouvoir en place dans sa position, celle de ne pas les réintégrer à l’Assemblée nationale. Ils sont de plus en plus loin, ces temps où l’UE était intransigeante et jouait au père fouettard à une violation majeure des droits de l’Homme, prenant immédiatement des sanctions. Mais aujourd’hui, ce sont ses fonctionnaires de premier plan mêmes qui adoubent ouvertement les violateurs, pour des bakchichs. Les bonnes mœurs qui caractérisaient l’homme blanc ont donc détalé. Et c’est bien dommage.


Liberté 

Publié dans Le Togo comme il va

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