Qui peut succéder à Faure Gnassingbé en 2015 au Togo?

Publié le par lanouvellemarche

Je cherche, je tourne et retourne la question plusieurs fois dans ma tête, mais je ne trouve pas de réponse satisfaisante à cette question…

 Gilchrist OLYMPIO ? Non, il est politiquement mort ! Yawovi AGBOYIBO? Non, il est (presque) politiquement fini. Léopold GNININVI ? Non, il est trop dogmatique et trop intellectualiste et inconnu de 80% de la population profonde togolaise !...

AGBEYOME Kodjo ? Non, les togolais le considèrent comme un pur produit copie du RPT, et n’oublieront jamais Freau Jardin et celui qui, ministre, voulait arrêter son Premier Ministre KOFFIGOH !

Edem KODJO ? Non, mon ami aspire à une vie paisible bien remplie politiquement, diplomatiquement, culturellement et intellectuellement !

Jean Pierre FABRE ? Non, il est politiquement impubère et ne finira pas sa mue (s’il y arrive un jour) avant 2015 !

Alors, qui ? KAGBARA, Nicolas LAWSON ? Dahuku PERE ? Abbas KABOUA ? Non, ce sont des nains politiques !

Et les femmes alors ? Mme ADJAMAGBO, Mme DOGBE, Mme LEGUEZIM, Mme AMEDZOGBE-KUEVI, Mme WALLA TCHANGAÏ.. Non, elles n’ont aucune chance !

Qui alors ? Un(e) illustre inconnu(e) ? Pourquoi pas !

Enfin, Faure GNASSINGBE succèdera-t-il à Faure GNASSINGBE ? Pourquoi pas !

Première hypothèse : Faure GNASSINGBE succède à lui-même en 2015 ! C’est possible ! Pour cela, il faut qu’il  puisse se présenter à l’élection présidentielle. Rien ne l’empêche, si Dieu lui prête vie, car, la Constitution actuelle (adoptée par Référendum le 27 Septembre 1992, promulguée le 14 Octobre 1992, révisée par la loi N°2002-029 du 31 Décembre 2002, et modifiée à son article 52, alinéa 1er par la loi N°2007-008 du 07 février 2007), oui la Constitution actuelle lui permet de se présenter autant de fois qu’il veut. Il faut donc qu’il se présente à cette élection de 2015, que celle-ci soit transparente et que Faure GNASSINGBE soit élu !

Si la Constitution promulguée le 14 Octobre 1992, n’avait pas été « tripatouillée », le Président serait à son second et dernier mandat aujourd’hui. Mais l’Assemblée monocolore RPT l’a modifiée à deux reprises (de façon légale), il faut le préciser), et ceci est due au boycott par l’opposition des législatives de 1999, laissant un boulevard au Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), alors que cette opposition avait obtenu la majorité absolue aux législatives de 1994, avec le tandem gagnant UTD d’Edem KODJO et CAR de Me Yawovi AGBOYIBO !...malgré le boycott de FABRE et OLYMPIO

 Ce «tripatouillage » légal était prévisible et annoncé, et c’est pourquoi la diaspora d’alors (dont je faisais partie), avait supplié, à maintes reprises, l’opposition, de ne jamais boycotter les fameuses législatives de 1999 ! Mais nos incorrigibles leaders de l’opposition n’avaient d’yeux que pour le fauteuil présidentiel, oubliant qu’en démocratie, les élections législatives sont plus importantes que la Présidentielle, car, un Parlement majoritaire confortable, peut presque tout se permettre, même destituer un Président démocratiquement élu,si celui-ci commet par exemple une faute grave.

J’étais de ceux qui pensaient et croyaient dur comme fer, qu’à l’issue des législatives de 2007, la minorité parlementaire (31 députés sur 81 tout de même, soit un sort meilleur que l’opposition parlementaire française actuelle !) avait compris la leçon et qu’elle allait œuvrer, par tous les moyens légaux, pour induire une révision constitutionnelle ramenant le mandat présidentiel à deux fois, non renouvelable, comme en 1992. Mais non, nos, vaillants parlementaires de l’opposition n’ont pas vu plus loin que le bout de leur nez ! Ils ont joué aux élèves sous doués du Parlement, sans présenter un seul projet de loi de révision constitutionnelle, jusqu’à l’élection présidentielle du 4 mars 2010 ! Pourtant, le coup était jouable, si ces Messieurs et Dames avaient appelé à la rescousse les autres partis de l’opposition extraparlementaire et le peuple, pour les aider à obtenir cette fameuse révision Constitutionnelle…

Deux hommes portent une lourde responsabilité dans ce drame : Jean Pierre FABRE (ex-Président du groupe parlementaire UFC), et Me Dodzi APEVON, patron du CAR. Ces deux parlementaires étaient partis faire la sieste à l’Assemblée Nationale et ont oublié pourquoi le peuple les a envoyés au Parlement, et ce, pendant trois ans ! Ils avaient sûrement les yeux braqués sur l’élection présidentielle de 2010, et ont attendu, endormis, que cette échéance arrive…

Elle est arrivée, cette échéance, et les deux partis parlementaires mordent la poussière. Pire, l’UFC implose, Gilchrist OLYMPIO se succide politiquement, Me AGBOYIBO et Me APEVON continuent à se jouer la scène du « Tu es Patron, je suis Patron », et Jean Pierre FABRE devient de plus en plus impubère politiquement, son compteur mental s’étant bloqué sur les marches hebdomadaires du FRAC et les discours aux vagues de l’Océan Atlantique de fin de marche. Il faut dire que le pauvre ex N°2 de l’UFC et actuel N°1 de l’ANC n’a plus de tribune officielle, depuis qu’il s’était fait virer comme un malpropre de l’Assemblée Nationale ! Qu’elle idée saugrenue de signer une lettre d’engagement stupide qui vous disqualifie comme élu du peuple et non d’un parti ! Seul, Me LAWSON ne s’est pas laisser piéger par Gilchrist OLYMPIO ! Passons…

Faure GNASSINGBE peut donc se présenter à l’élection de 2015, et même à celle de 2020, si Dieu lui prête vie, car, même si une révision constitutionnelle arrive aujourd’hui, la loi n’est jamais rétroactive !
C’et pourquoi la proposition de l’ALLIANCE et de OBUTS est surréaliste !  Ils proposent un texte où la limitation du mandat présidentiel est limitée à deux, avec « effet immédiat » ! Quel Parlement va adopter une telle proposition de loi ? Au GONDOUANA peut- être !

L’équation est donc simple pour tous ceux et toutes celles qui veulent succéder à Faure GNASSINGBE en 2015 ou 2020 : il faut le battre de façon loyale, lors de ces élections présidentielles. A vos marques, Mesdames et Messieurs les candidats à la succession de Faure GNASSINGBE… Le Président peut vous faciliter la tâche si les résultats de son quinquennat en cours ne sont pas à la hauteur de l’immense attente des populations de la Terre de nos Aïeux. On a beau fustiger l’opposition, rien n’y fait ! Au lieu de chercher les moyens pour battre FAURE, ils cherchent les moyens pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle ! Un membres influent du RPT m’a dit hier, que si Faure Gnassingbe voulait se tordre de rire, il n’allait pas se présenter en 2015, mais fera blanchir et libérer KPATCHA GNASSINGBE de prison et celui-ci va se présenter à  place de son frère, avec une avance de 100% des voix dans la KOZAH, par rapport à n’importe quel candidat de l’opposition !

Deuxième hypothèse : Un homme (ou une femme) neuf (ou neuve) qui arrive sur la scène politique togolaise et qui séduit les togolais et les togolaises par un discours franc, compréhensible et convaincant.

En trois ans, un candidat potentiel qui rassure tout le monde et qui met l’accent sur le développement et le progrès de notre pays, qui démontre que la situation du Togo actuel n’est pas une fatalité, peut succéder à Faure GNASSINGBE. Il faut que cet oiseau rare démontre par A et B qu’une autre politique est possible au Togo et qu’il est capable de faire rentrer rapidement notre pays dans le cercle des pays émergents.

D’où sortira cet oiseau rare ? En fait, on n’a pas besoin d’un oiseau rare. Beaucoup de togolais et togolaises peuvent réaliser cette alternance.

Il suffit que l’heureux candidat séduise le peuple par un programme, qu’il parcoure le pays de fond en comble pendant les trois ans qui nous séparent du scrutin, et qu’il ait les moyens matériels de sa politique.

Cet inconnu peut miser sur le désir de changement véritable du peuple et sur un échec éventuel de la politique économique du locataire du palais présidentiel actuel.

L’exemple de BARAK OBAMA  est éloquent. Il n’est pas un inconnu vrai, mais,  il a suffi d’un discours à la Convention du parti Démocrate, son parti, pour que son destin soit scellé ! Puis, son immense talent a fait le reste… Au Togo, un bon candidat peut émerger des rangs des partis existants. Mais ici, les chefs de partis considèrent les partis comme leur propriété privée et veulent à tout prix se présenter aux différentes élections. Seule la CDPA a fait la différence, en présentant Mme Brigitte ADJAMAGBO à la dernière présidentielle.

Bref, avec un candidat neuf ou candidate neuve, tout est possible.

Troisième hypothèse : Un des candidats que j’ai recalés volontairement au début de cet article. Parmi eux, Jean Pierre FABRE (qui avait recueilli tout de même 33% à la dernière présidentielle) fait figure de favori  des losers. Dans un article retentissant que j’avais publié et intitulé : « Si j’était Jean Pierre FABRE », j’avais conseillé au leader actuelle de l’ANC de mettre l’accent sur le terrain et de laisser ses marches hebdomadaires ridicules.
 Le pauvre croyait dur comme fer qu’il allait arracher le fauteuil présidentiel à Faure GNASSINGBE, rien qu’en marchant tous les samedis. Si c’était pour se faire élire Président de KODJINDJI, pas de problème, mais Président de la République, c’est une autre paire de marches !

Si moi, j’avais ses 33% de suffrages à l’élection présidentielle de 2010, je serais sûr d’être Président de la République en 2015, car je sais ce que j’aurais fait pour avoir au moins 66% au prochain scrutin. Mais, les impubères de la politique togolaise ne m’avaient pas compris, ni écouté. Aujourd’hui, près de 18 mois de marches, comme des forcenés, n’ont rien donné et les propos virulents de FABRE en direction des militaires, lors de ses derniers meetings à la plage, ne laissent rien présager de bon pour lui.

 En Afrique, et pour longtemps encore, c’est de l’enfantillage de croire qu’on peut accéder au pouvoir (et garder ce pouvoir) en ayant une partie de l’Armée contre soi. Alpha Condé a failli être déchiqueté par des armes lourdes, récemment, s’il avait dormi le soir de l’attentat contre lui, dans son lit. En Guinée Bissau, l’Armée dirige en réalité le pays. Même le Général de Gaule avait failli être abattu par des militaires, en 1958, lors du conflit franco-algérien pour l’Indépendance. Tout le monde se rappelle du fameux complot du « quarteron d’officiers ». Tout récemment, c’est un maréchal de l’Armée égyptienne, qui a habillement confisqué le pouvoir ! Le maréchal TANTOUI a été, pendant vingt ans, le ministre de la Défense de MOUBARAK !
Donc, pour que Jean Pierre FABRE ait une chance minime de succéder en 2015, à Faure GNASSINGBE, et garder ce pouvoir pendant son mandat, il doit aborder sa puberté politique. Etre applaudi une fois par semaine par des impubères politiques ne vous donne pas un statut de Présidentiable.

AGBEYOME Kodjo pourra avoir 10 % de chance de supplanter Faure GNASSINGBE, s’il arrive, par miracle, à changer de discours, de stratégie et convaincre le peuple que son passé personnel était un accident de l’histoire, et à se confesser au peuple sur les heures sombres de son mariage avec Eyadema.

Dans tous les cas, cette troisième hypothèse ne peut se réaliser que si tous les « losers » s’unissent et présentent un seul bloc, un seul candidat de l’opposition (ou une seule candidate), avec un seul mot d’ordre : succéder à Faure GNASSINGBE. Mais, tels que sont mes amis de l’opposition, ce sera un miracle !

Dr  David IHOU

Ancien Ministre de la Santé et de la Population.

Publié dans Le Togo comme il va

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